Après les quelques jours sur la great ocean road, nous partons direction Melbourne pour prendre le ferry vers la Tasmanie. L’attente dure 2 heures avant qu’on puisse monter à bord, le temps de regarder 4 ou 5 big bang théorie notre série du moment.

Une fois sur le bateau, l’inspection commence. Un peu comme quand on se prend une chambre d’hôtel où on mange tous les petits gâteaux offerts et on vole les gels douche sans jamais les réutiliser par la suite; là on avait déjà visité tout le ferry à peine arrivé et on s’extasiait sur les sièges inclinables et les couvertures distribuées! Notre traversée a été plutôt cool: bière du début de soirée, tourte à la viande au ketchup pour le repas, un DE LI CE, et les pingouins de Madagascar visionné dans le ciné du bateau (rien que ça) après quoi on a dormi sur nos supers sièges au chaud (première nuit hors de notre tente depuis un mois). Enfin, tout aurait été parfait si on n’avait pas hérité d’un individus à la cloison nasale beaucoup trop étroite à nos côtés pendant la nuit!!!

On arrive au nord de la Tasmanie, à Dévonport. Nous avons 5 heures pour descendre vers le sud et rejoindre notre ferme. On fait un petit check de la fissure sur notre pare brise, rituel de départ depuis le caillou de Shepparton, le fameux, et on prend le chemin de Waterloo.

A notre arrivée on se sent à la fois excités par la découverte du paysage et perturbés par l’isolement de la ferme. L’exploitation de pommes se trouve sur le flan d’une colline au bord de la mer avec la forêt au loin, un « trois en un » magnifique, mais pour s’y rendre, nous avons quitté les villes et villages depuis bien longtemps…

Ce jour là le sentiment de perturbation va l’emporter sur l’excitation. En plus d’être à quelques dizaines de kilomètres de la première toute petite ville, il pleut et l’idée de dormir sous la tente est déprimante. Heureusement, Daren le gentil fermier, nous propose de nous installer dans une petite cabine, genre de maisonnette à une seule pièce. C’est mieux que la pluie mais ce n’est pas du tout confort non plus. La maison n’a sûrement pas été habitée depuis plusieurs années vue la quantité de poussière, de cacas d’oies et de souris sur le sol. On décide de monter la tente dans la cabine (ce qui est facile puisqu’il n’y a pas de meubles à l’intérieur). Quand la nuit tombe c’est l’apogée du sentiment « mais où a t-on atterri ». Il n’y a pas d’électricité, donc pas de lumière. On est obligé de s’éclairer à la lampe frontale. Nous sommes en automne et il fait froid. Il faut couper du bois et allumer le feu de cheminée (point positif de la maisonnette). Comme nous n’avons pas de réchaud de camping, c’est au feu de bois que nous cuisinons nos pâtes. La journée se termine avec une nuit plus ou moins reposante. On partage la maison avec des animaux au long museau, un mixte de souris et de lapin, qui adorent le pain de mie et le plastique qui l’entoure.

Pendant une semaine, on vit comme des Robinson Crusoé des temps modernes, rituel du feu de bois pour manger, éclairage rudimentaire et, bien entendu, douche dans la mer! Je plaisante, on a une douche, mais elle se trouve à une centaine de mètres de notre cabine! La motivation pour être propre est difficile à trouver à certains moments.

Les semaines d’après seront plus tranquilles. Nous avons déménagé pour une cabine avec électricité et four! Le grand luxe.

Qui dit nouvelle destination, dit nouveau boulot. Nous ramassons les pommes. Comme pour les poires, la tâche est de cueillir les pommes, les mettre dans notre sac ventrale, les vider dans les caisses de 450 kg et recommencer la manœuvre jusqu’à : 

  • ce qu’il n’y ait plus de pommes sur l’arbre
  • ce que les caisses soient pleines
  • l’épuisement total et les épaules en feu

Avec le temps, on progresse et de six caisses de poires remplies par jour, on est passé à dix caisses de pommes, soit 220 sacs remplis et vidés par jour, à peu près 4 tonnes 5 de pommes ramassées par jour. On ramasse les pommes depuis un mois et demi, ça nous en fait des tonnes de pommes.