A Mildura nous avions notre quotidien….  On avait une petite maison avec tout le confort. On vivait avec d’autres français avec qui on s’entendait bien. On avait chacun un boulot qui payait pas mal. On se faisait des soirées apéro ou télé. Après trois mois et demi sans logement fixe où nous changions de ville tous les deux trois jours, se poser faisait du bien. Mais la question: A t-on envie d’une telle routine à l’autre bout du monde, s’est rapidement posée. Finalement ce genre de quotidien est plaisant quand on y a ses repères: sa famille, ses amis, un boulot motivant. A Mildura, il n’avait pas vraiment de sens. On avait recréé autre part, en moins bien, ce qu’on a en France. Ce n’est pas ce qu’on voulait.

Pourtant, si l’on a prolongé notre séjour en Australie, c’est surtout pour mettre de l’argent de côté. Ce qui induit de s’installer quelque part, pour un moment (enfin, c’est ce qu’on pensait à ce moment là).

Nous avons quand même quitté Mildura et nos boulots. Le changement s’imposait. Nous allions découvrir de nouveaux paysages, faire de nouvelles rencontres et trouver un nouveau boulot. Nous n’avions pas vraiment d’idée de destination. Nous nous sommes dit que nous irions là où il y a un travail pour nous.

En Australie un numéro gouvernemental permet de mettre en relation les fermiers et les personnes à la recherche d’un travail. C’est d’ailleurs ce numéro qui avait permis à Flo de trouver le job de « conducteur de tracteur dans les vignes ». Cette fois ci, la personne nous indiquait qu’un fermier cherchait des cueilleurs de « prickly pear » dans la région de Shepparton. Elle se trouve à quelques centaines de kilomètres de Mildura, vers le sud. Nous y sommes attendus le lendemain matin, à 6h00. Il est 11h30 et nous sommes encore à Mildura, mais c’est ok! On peut le faire! Tout ça est parfait: on a envie de bouger mais on est stressé de ne pas retrouver un boulot. Finalement, le jour où on bouge, on décroche un job! Olé!

Dans notre ford laser on est joie! On traverse les forêts d’eucalyptus, saluons les kangourous que l’on croise, bougeons nos têtes sur le son de flavia coelho :) :) :) On arrive tard vers Shepparton. Cette fois ci, il n’y a pas de petite maison louée par le fermier. Pour la première nuit, on loue un Mobil-home dans un camping à 5 minutes de la ferme.

Le lendemain, à 6h00, on se rend sur le lieu de la cueillette de prickly pears. Mais un détail nous avait échappé. Ni Flo ni moi n’avions pensé à regarder ce qu’est ce fruit. Pour nous, il devait être une sorte de poire. La cueillette de poires ça nous branchait bien! Mouahahaha!!! Quelle erreur! On se retrouvait en fait dans une exploitation de figues de barbaries. Niveau d’énervement +1 (contre nous même). A 6h30 nous avions l’air de cosmonaute, couverts des pieds à la tête avec des lunettes de protection. On sentait déjà les épines, des cueillettes précédentes,  nous piquer le corps. Niveau d’énervement +2. On fait connaissance avec les autres cueilleurs. Parmi eux, trois français. Ils nous expliquent que la boîte, payée, une fois remplie, 2 dollars 60, est très difficile à remplir. Il n’ont pas réussi à gagner plus de 50 dollars pas jour. Niveau d’énervement +3. Nous partons vers les cactus. Niveau d’énervement +4 (rien que de voir ce qui nous attendait pendant plusieurs heurs). Le tracteur, sur la route des champs, tombe en panne. A 7h30, nous n’avons pas commencé la cueillette. Niveau d’énervement +10!!! Flo me dit « si c’était que moi, je me barrerai »… on se barre!

Notre expérience dans les prickly pears a duré une heure et demie mais c’était suffisant.

Et nous revoilà dans notre ford laser… On sait que la région de Shepparton est connue pour ses pommes et poires. On décide alors de chercher un boulot par nous même. On passe la journée à toquer aux portes des hangars « Hello, we are looking for a job, do you need some workers? » répétée genre 20 fois dans la journée… On est un peu dépité! On laisse tomber la recherche de boulot et on décide de s’attaquer à la recherche d’un logement. Ce sera une tente! On achète tout l’équipement du parfait campeur. On trouve ensuite LE camping. Celui de l’espoir et du renouveau :) Non seulement il a la wifi, une piscine, une salle de repos avec billard et télé, une cuisine aménagée mais surtout un gérant ami des fermiers! Il propose d’aider les étrangers à la recherche d’un boulot! Moi j’avais attendu dans la voiture que Flo règle la réservation. Je le vois arriver, petits pas de danse! On a un camping, un boulot et on ne paiera que 50 dollars par semaine pour l’emplacement! Comment dire… On est heureux!!!

*Le gérant de ce camping franchisé, s’est fait virer pendant notre séjour. Sa direction ne devait pas aimer la combine qu’il avait organisé entre les fermiers, lui et nous. Histoire de sous, on imagine.

On commence le lendemain la cueillette des poires, les vraies! Le boulot consiste à ramasser toutes les poires se trouvant sur les arbres. On a de gros sac autour du ventre que l’on remplit puis vide dans les caisses de 400 kg. La caisse pleine est payée 36 dollars. Le but du jeu: en remplir le plus possible pour gagner le plus de dollars :)

Et bien c’est hooooorriiiiiible! Le premier jour on croit mourir! On travaille 8 heures sous le soleil (sans avoir prévu plus d’un litre d’eau pour la journée, on est comme ça nous! on est des fous!). On a réussi à remplir quatre caisses! Le début de la fortune. En rentrant au camping, les centaines de français ramasseurs de poires comme nous (je rigole, il n’y en avait pas des centaines mais une vingtaine! Les français sont très présents en Australie) nous rassurent. Le boulot est dure mais on s’y fait et on arrive à gagner 100 honnêtes dollars par jour et par personne.

Dix jours plus tard, on ne peut plus voir ni le camping, ni les poires, ni tous ces français ;) Non, non, non, on y était bien! La saison des poires arrive à sa fin. Nous devons repartir vers de nouvelles aventures. Après les raisins et les asperges de Mildura, les poires de Shepparton … qui vivra, verra!