En passant notre journée sur internet, on découvre l’annonce de rêve! Le boulot parfait pour terminer notre périple australien. Gumtree est LE site de recherche utilisé par les backpackers. Je crois qu’on l’utilise à peu près tous pour chercher un job, acheter une voiture ou des affaires de voyage. C’est le « le bon coin » australien.

Ce jour là, on tombe sur cette annonce: Maintenance ou cueillette de fleurs, 21 dollars de l’heure, 38 heures par semaines, logement sur place gratuit, à 1h30 de Sydney, petit dej apporté au lit (j’aurais aimé) ! ON LE VEUT. On s’est précipité pour écrire un mail au fermier. Après 10 minutes d’attente et aucune réponse (Comment ça les gens ne passent par leur vie sur leur boite mail?), on décide de se rendre sur place. On est à 20 minutes de la ferme! La chance nous sourit enfin!

On se retrouve bloqué devant les portes. Le public n’est pas autorisé à entrer. Heureusement, le patron sort de sa ferme quelques minutes après notre arrivée. Il s’arrête à notre hauteur pour savoir ce qu’on attend. On lui explique que l’annonce sur gumtree nous a conduit jusqu’ici. On est intéressé et motivé pour ce boulot (vraiment vraiment trèèès intéressé) . Après avoir vanté nos expériences agricoles, le fermier nous embauche! Aussi simple que ça! On passe enfin les portes de la ferme!

L’exploitation est très grande, peut être, cinquante serres de cinquante mètres de long sur dix de large. Ça en fait des fleurs! Waldon G & J (le nom de la compagnie) les vend chez coles et woolworth deux grandes surfaces nationales.

On arrive un vendredi dans cette grande ferme où l’on travaillera avec une vingtaine d’autres backpackers. Tous les travailleurs sont réunis dans la cuisine. On fait connaissance avec eux. L’ambiance est cool (après avoir passé deux mois, 24/24 avec Flo, dans un 5 mètres carrés, au fin fond de la Tasmanie, avec pour seule compagnie les souris et les oies, on est soulagés… heu, ravis, de retrouver un peu de vie sociale). On échange nos expériences australiennes et on découvre leur point de vue sur la ferme. Ce qu’on découvre nous refroidit quelque peu. Le patron est, d’après eux, une vraie ordure. On apprend qu’il crie sur tout le monde pour un oui ou pour un non, qu’il vire les gens qui ne lui plaisent pas du jour au lendemain ou de la minute à la minute. En fait, la ferme est cool, on peut y gagner pas mal d’argent mais le travail est réalisé sous pression.

Nos deux premiers jours se passent bien. On est cueilleurs tous les deux. On ramasse les fleurs prêtes à être vendues, trois par trois et on en fait un bouquet. Au début Garry (le patron) n’est pas là. Le reste de l’équipe est au top. Les premières surprises commencent quand on apprend qu’on n’est pas vraiment payé à l’heure. Si on ne fait pas assez de bouquets pendant la journée, on perd des heures. Si au contraire on en ramasse beaucoup on sera payé 21 dollars de l’heure quoiqu’il en soit. 

Le troisième jour est différent. Le roi des fleurs est là, téléphone à la main (en fait il fait ça tout le temps: faire semblant de téléphoner pour nous espionner… mais tout le monde a compris son jeu! ). Il ne nous dit pas bonjour. Il nous regarde. Ses premiers cris vont pour Geoff, notre gentil superviseur. Je ne me souviens pas la raison. Peut être parce que les fleurs sont trop ouvertes ou trop vertes, que les tiges sont trop courtes… Il trouve toujours une bonne raison surtout quand il s’agit de Geoff. Puis il découvre Flo. Flo n’est pas une fille et Garry n’aime que les filles. Il va le prendre en grippe et s’en donner à coeur joie. Plutôt que d’expliquer, il crie et donne des ordres. On avait été prévenu, alors on se tait et on continue gentiment de ramasser. Ca va un temps. Si Flo n’était pas devenu un planteur de bulbes les jours suivants, on aurait surement quitté les lieux. Garry n’est jamais derrière les planteurs. Moi il me laissait tranquille. C’est comme ça qu’on a tenu le coup. Enfin c’est surtout parce que le groupe était génial. 

L’équipe est composée d’allemands, chiliens, hollandais, esthoniens et français. Quand on finissait le boulot, on se réunissait tous dans la cuisine pour discuter. On ne garde que de bons souvenirs de notre expérience. Garry est définitivement le roi des cons mais l’ambiance entre les backpackers dépassent tous ses cris et ses excès. On quitte la ferme le coeur lourd. C’est notre dernier boulot et nos derniers moments en Australie.