Match de boxe Thaï à Chiang Mai

Une ambiance « combat clandestin des pays de l’est » flotte dans l’enceinte …Un ladyboy peu raffiné(e) nous fait signe de nous asseoir à une table, à quelques mètres du ring. Le temps de commander une bière, on peut voir un enfant de 13-14 ans, tous muscles saillants et brillants de crème anesthésiante, en train de se faire coacher et chauffer les muscles. Certainement le premier combattant, nous disons-nous. Mis à part les quelques occidentaux présents pour le spectacle (comme nous), la salle est essentiellement composée  de thaïs,  s’adonnant aux paris.  On est bien loin des paris en ligne, ici l’argent est bien réel. Betclic.com est à un thaïlandais de 65 ans aux faux airs d’un Al Capone ayant raté sa carrière. On ne pariera pas d’argent mais avec Mattia et Lucie, pour chaque combat, nous pronostiquons.

On assiste en tout à 5 ou 6 combats. Les premiers sont des combats d’enfants, puis au fil de la soirée le niveau s’élève jusqu’au combat final entre un Thaï et un boxeur américain.

Ni Lucie ni moi n’avions assisté à un combat de Muai Thaï avant et l’expérience en valait la peine. Ce n’est pas comme de la boxe anglaise ou française. C’est un sport pieds / poings avec possibilité de projection. Avant chaque match, les 2 opposants se doivent de réaliser une chorégraphie, un peu sur le même principe que le haka. Lorsque qu’un round démarre, les 2 musiciens postés en sniper au dessus du ring entonnent leur musique transe à base de percu et d’un genre de “Bombarde” bretonne. A ce moment là on comprend que ça n’a rien d’un match de boxe classique. Les 2 boxeurs thaïs se mettent en mouvement au rythme des percutions … Et bam, bim, boom etc … En fin de match, la coutume veut que chaque boxeur aille voir l’entraineur de l’adversaire pour recevoir une tasse d’eau et un hug. Encore une fois, on est bien loin des mentalités sportives occidentales. Ça m’a rappelé l’attitude des footballeurs japonais pendant la coupe du monde, toujours impeccable, dans le respect des règles. Vers 23h30, c’est l’heure de la tête d’affiche. Sur la droite, grand, un peu grassouillé et le buste tatoué, l’américain se fait badigeonner d’anesthésiant. L’homme est rasé, il semble tout droit sorti de Guantánamo, avec ses  tatouages de colts de chaque côtés du bassin. On pense que c’est un amérindien. D’ailleurs, avant le match, durant sa chorégraphie, il arbore une auréole plumée et mime une attaque à l’arc, carquois dans le dos. L’adversaire de l’américain fait son entrée. Il est thai, plus fin et plus grand que son homologue des US. Evidemment, nous supportons le local ! Le premier round est à l’avantage de la brutasse, c’est un puncheur, très précis et puissant aux poings. Lucie me dit à la fin du round “Mais c’est pas équilibré là !!” . “Attend, attend … c’est pas fini, c’est juste un round”. Dès le second round, le thaï se réveille, use de son jeu de pieds. L’américain est en sang, mais il se relève à chaque fois. Au 5ème round, le match s’achève sous les applaudissements du public.